Chansonnier historique du XVIIIe siècle

La régence partie III


(J'ai gardé orthographe telle quelle)


 Les nouveaux maréchaux de France (1)


Guiche, (2) lieutenant général,

Mérite d'être maréchal ;

 

(1) Chanson composée en février 171 8, sur le bruit qui s'était répandu d'une création prochaine de nouveaux maréchaux de France. (M.)

 

(2) Antoine, duc de Guiche (1672-1725), président du Conseil de guerre, et membre du Conseil de régence, prit le titre de duc de Gramont en 1720, à la mort de son père. Il fut élevé à la dignité de maréchal en 1724. Colonel du régiment des gardes françaises, il a fait preuve de bravoure à la journée de Ramillies.

Mais s'il arrive quelque affaire,

On le verra tourner tout court,

Faire ce que fit son grand-père

A la bataille d'Honnecourt. (1)

 

Qu'on fasse Tingry dans la paix (2)

Maréchal, bon pour les hauts faits

De son père et de ses ancêtres ;

Autrement, je vous dirais : Non ;

Par où pourrait-on le connaître,

S'il venait à changer de nom ?

 

Que Médavy (3) soit élevé

A la plus haute dignité,

 

(1) Le maréchal de Gramont, grand-père du duc de Guiche, avait été battu à Honnecourt, en Picardie, par le général espagnol Mello (mai 1642).

 

(2) Chrétien Louis de Montmorency Luxembourg, prince de Tingry (1675-1746), s'était signalé, quoi qu'en dise l'auteur de la chanson, par son courage et son habileté militaire, à Steinkerque, Nerwinde, Oudenarde et Lille. Il fut créé maréchal de France en 1734. Son père, le maréchal de Luxembourg, avait été l'un des plus grands capitaines du règne de Louis XIV, bien connu par son surnom populaire de Tapissier de Notre-Dame :

 

(3) Jacques Léonor Rouxel de Grancey, comte de Médavy (1655-1725), lieutenant général depuis 1702, avait été nommé en 1707 gouverneur du Nivernais, et, en 1713, commandant en chef des provinces de Dauphiné et de Provence. Il reçut le titre de maréchal en 1724.

 

Que le Régent le fasse, en somme,

Maréchal ou duc, c'est tout un ;

On pourra dire : C'est un homme,

Quand il aura le sens commun.