Le noble éclat du diadème
N'a point encor séduit mon cœur ;
Et sur le front de ce que j'aime
Je n'ai trouvé que la candeur ;
Seize printemps forment son âge ;
Et pour mieux embellir ma cour,
On lui donne, dans ce village,
Le doux nom de Rose d'Amour.
Simple et naïve bergerette,
Elle règne dans ce vallon ;
Elle a pour sceptre une houlette,
Et pour couronne un chaperon ,
A ses vertus on rend hommage,
Quelques bergers, voilà sa cour ;
Et tout bénit dans le village
Le doux nom de Rose d'Amour.
Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.
Brins d'osier, vous serez le lit frêle où la mère
Berce un petit enfant aux sons d'un vieux couplet
L'enfant, ta lèvre encor toute blanche de lait,
S'endort en souriant dans sa couche légère.
Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.
Vous serez le panier plein de fraises vermeilles
Que les filles s'en vont cueillir dans les taillis.
Elles rentrent le soir, rieuses, au logis.
Et l'odeur de fruits mûrs s'exhale des corbeilles.
Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.
Vous serez le grand van où la fermière alerte
Fait bondir le froment qu'ont battu les fléaux,
Tandis qu'à ses côtés des bandes de moineaux
Se disputent les grains dont la terre est couverte.
Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.
Lorsque s'empourpreront les vignes à l'automne,
Lorsque les vendangeurs descendront des coteaux,
Brins d'osier, vous lierez les cercles des tonneaux
Où le vin doux rougit les douves et bouillonne.
Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.
Brins d'osier, vous serez la cage où l'oiseau chante,
Et la nasse perfide au milieu des roseaux,
Où la truite, qui monte et file entre deux eaux,
S'enfonce, et tout à coup se débat frémissante.
Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.
Et vous serez aussi, brins d'osier, l'humble claie
Oie, quand le vieux vannier tombe et meurt, on l'étend,
Tout prêt pour le cercueil. - Son convoi se répand,
Le soir, dans les sentiers où verdit l'oseraie,
Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier
En cele terre, u Diex fu mors et vis,
Et ki la crois d'outre mer ne prendra,
A paines mais ira en paradis :
Ki a en soi pitié et ramembrance
Au haut seignor, doit querre sa venjance,
Et délivrer sa terre et son païs.
Tout li mauvais demorront par deça,
Ki n'aiment Dieu, bien, ne honor, ne pris,
Et chascuns dit, Ma femme que fera ?
Je ne lairoie à nul fuer mes amis :
Cil sont assis en trop foIe attendance,
K'il n'est amis fors, que cil sans dotance,
Ki pour nos fu en la vraie crois mis.
Or s'en iront cil vaillant bacheler,
Ki aiment Dieu et l'onour de cest mont,
Ki sagement voelent à Dieu aler,
Et li morveus, li cendreus demourront :
Avugle sunt, de ce ne dout-je mie,
Ki un secours ne font Dieu en sa vie,
Et por si pot pert la gloire dei mont.
Diex se laissa pOl' nos en crois pener,
Et nous dira au jour, où tuit venront,
« Vos, ki ma crois m'aidates à porter,
« Vos en irez là, où li angele sont,
« Là me verrez, et ma mère Marie ;
« Et vos, par qui je n'oi onques aie,
« Descendez tuit en infer le parfont.»
Cascuns quide demourer toz haitiez,
Et que jamais ne doive mal avoir,
Ainsi les tient enemis et pechiez,
Que ils n'ont sens, hardement, ne pooir :
Biau sire Diex ostez nos tel pensée,
Et nos metez en la vostre contrée
Si saintement, que vos puisse veoir.
Douce dame, roine coronée,
Proiez pour nos, virge bien eurée,
Et puis après ne nos puit mescheoir.
Poète délicat et pianiste habile, Albert Tinchant fut longtemps accompagnateur du Chat Noir. C'est lui qui fournit à Delmet les premières poésies que celui-ci mit en musique.
Comme Mac-Nab, il mourut jeune et emportaavec lui les regrets sincères de tous ceux qui l'avaient connu.
La nef d'or se remplit de fleurs et de clarté
Sous la voûte gothique aux folles ciselures ;
L'encens monte au concert des voix jeunes et pures
Et d'un nuage bleu couvre l'autel sculpté.
Les femmes, admirant la divine beauté,
Vont aux pieds du Seigneur déposer leurs parures ;
Quelques hommes perdus dans ce flot de murmures
Rêvent tout bas d'azur et d'immortalité.
Or, tandis que votre âme au ciel s'envole encore,
Voulez-vous que tous deux, sur le clavier sonore,
Au retour, nous chantions quelque noël pieux ?
Puis, selon la coutume, en votre cheminée
Placez votre soulier si mignon, car je veux
Y mettre avec mon cœur la bague d'hyménée.