Sur la navigation aérienne.Les Anglais, nation trop fière,s’arrogent l’empire des mers :les Français, nation légère,s’empare celui des airs.Anonyme. Épître a mon médecin.Une Reine à sa, Cour eut jadis son malades :je fus aussi le tien ; mais ce titre d'honneur,grâce à ton art, ne fut pour moi qu'une panade ;Scarron n'eut pas tant de bonheur,Depuis qu'un fort jaloux me relégué en province,combien j'ai regretté tes secours & tes soinstu m'avais traité comme un Prince,& je n'en réchappai pas moins.De retour au hameau, je fus malade encore.La Parque avoir beau jeu loin des lieux où tu vis,C'étais dans 1a saison de Zéphire & de Flore,que pouvais-tu faire à Paris ?D’une héroïne de coulissesrajeunissais-tu les appas ?guérissais-tu quelques jaunisses,quelque bobo qu'on n'avait pas ?Penché sur le chevet d'une blonde mourante ;y faisais-tu des contes bleus ?pressais-tu le pouls vigoureuxde quelque brunette piquante ?Non, tu rendais en ce momentL’épouse à son époux, l'amante à son amant,tu quittais sans regret la vaporeuse Hortense,ses grands tons, son air engageant,pour chercher l'humble toit du timide indigentqui ne peut payer ta science.A la voix de l’humanité,vers un triste grabat, qui se soutient à peinetes coursiers, à perte d’haleine,traînaient le chat et la santé.Et moi, je languissais dans un séjour champêtre ;entouré de docteurs, je regrettais le mien ;tout irritait mes maux : pouvait-t-on les connaître ?moi-même en les souffrants, je n’y connaissais rien,je ne fus guéri par la nature,ce premier médecin du roi,qui doit au but marche sans conjecture,& ne dit son secret qu’à toi.Par M. de la Louptiere. Les prodiges des sciences et des arts.Prêter un corps, une âme à l'insensible toile,percer la nuit du temps, en déchirer le voile,déchiffrer d'un œil sûr tout son livre effacé,prédire l’avenir, & savoir le passé ;avec l'aimant fidèle au pôle qui l'attire,se frayer un chemin sur le liquide empire ;du trépas dans un tube entasser les carreaux,& du bout de l'index renversé des Héros ;se créer à la ville un asile champêtre ;fabriquer un soleil de soufre & de salpêtre ;vrai rival du flambeau qui brille au haut des cieux !disséquer des couleurs, les membres radieux ;sur un fable mouvant jeter un arc solide ;se filer en habits l'or de la Chrysalide ;liquéfier la pierre & le plus dur métal ;créer avec un souffle un monde de cristal ;faire éclore & mûrir la pêche transplantéesur la tige ou croissait l'amande veloutée ;transporter l'eau dans l'air & le feu dans les eaux ;enseigner une langue à de muets roseaux ;par des vibrations, ou rapides ou lentes,faire parler un luth sous ses cordes tremblantesdes sciences, des arts, tels sont les nobles fruits ;ces merveilleux effets, l'homme les a produits.Dans son immense vol, est-il rien qu'il n'embrasse ?Il enchaîne le temps, il dévore espace,dirige le tonnerre, emprisonne les vents,soumet l'infini même à ses calculs savants,& roi des animaux, veut l'être encor du mondeAprès avoir dompté le feu, la terre & l'onde,il ne lui restait plus qu'à s'élever dans l'airjusqu’au foyer humide où se forme l'éclair,qu'à transférer son trône au milieu des orages,& de l'aigle rival, planer sur les nuages.Montgolfier a paru, l'ouvrage est consommé,sur un globe fragile en vaisseau transformé,l'homme va parcourir les plaines azurées,de son étroit domaine agrandir les contrées,& dans l'onde céleste, heureux navigateur,côtoyer chaque pôle & franchir l'équateur.Par M. le chevalier de C***.
Le siècle.Fronder à propos les usages,ne longer qu'à son intérêt,avoir deux langues, deux visages,rire ou s'affliger à souhait,promettre sans aucun scrupule,tenir selon l'occasion,d'ami prodiguer le vain nom.& traiter comme un ridiculela probité, hors de saisontelle est la science profondedans l'heureux siècle où nous vivons ;aussi ne voit-on dans le monde,que des dupes & des fripons.Par M. Vigée.