Paris et ses quartiers
Les Chansons que contient ce Recueil ont été faites sur des mots tirés au sort, et chantées au Banquet annuel (dit banquet d’été), qui a eu lieu le vendredi 15 juin 1883, chez, M. ORY, restaurateur, 10, avenue du Bois de Boulogne
Paris et ses quartiers ( chansons) par les membres du Caveau.
PARIS E. DENTU, éditeur Galerie d'Orléans, Palais-Royal 1883
Allocution du président.
Messieurs, nous voilà réunis,
Pour chanter de Paris
La gloire et les merveilles !
Mais il n'a pas que des splendeurs,
Paris a des laideurs
A nulle autre pareilles !
Le Caveau, bon historien,
Ne devra cacher rien
Près des vertus, les vices,
Près de cloaques monstrueux,
Des hôtels fastueux
Et de fiers édifices
Paris, du monde est le cerveau ;
Aussi, notre Caveau
Lui devait cet hommage.
Ne pouvant le prendre en entier,
Chacun chante un quartier.
Cette méthode est sage ;
En effet, qui donc oserait
La chanter d'un seul trait,
Cette ville infinie ?
Il faudrait la muse Clio,
Ou d'un Victor Hugo
La force et le génie !
Enfin, faisant de notre mieux,
Pour Paris, jeune ou vieux,
Il faut que l'on s'escrime ;
Et si nous perdons la raison,
Tant vaste est l'horizon,
Sauvons au moins la rime !
Que chacun réponde à son rang,
Plus le sujet est grand ;
Moins il faut s'en défendre ;
Et si nous jouons de malheur,
Ayons du moins l'honneur
D'avoir su l'entreprendre !
Charles Vincent,
Membre titulaire, Président .
Le quartier de l’arsenal
Air de Calpigi.
Sans faire montre de science,
Pour l'acquit de ma conscience,.
3e dois dire naïvement
Que ce quartier, anciennement,
Etait un vaste emplacement.
On le nommait : le Champ au plâtre,
Et c'est sur ce terrain blanchâtre
Que s'étend, non loin du canal,
Le vieux quartier de l'Arsenal.
Là, d'abord, pour l'artillerie,
Au temps de la chevalerie,
On construisit des magasins,
Où se fabriquaient des engins
Pour combattre les rois voisins.
C'était des poudres, du salpêtre,
L'arsenal, lequel devait être,
Plus tard, la tête et le fanal
Du vieux quartier de l'Arsenal.
Un jour, aux magasins de poudre,
Retentit comme un coup de foudre ;
Or, cette explosion, c'était.
Pif ! paf ! l'arsenal qui sautait,
Et tout Paris en tressautait.
Charles IX le. fit reconstruire ;
C'est un mauvais point à déduire
De son règne assez. . . infernal,
D'avoir rebâti l'Arsenal.
Lorsque j'aborde une autre époque,
L'Arsenal aussitôt évoque
Un nom par la gloire ennobli
Celui du vertueux Sully,
Qui sous cette voûte a vieilli.
C'est là que souvent Henri quatre,
Hors du Louvre, heureux de s'ébattre,
Venait visiter son féal,
Le gouverneur de l'Arsenal.
Puis enfin, à l'Artillerie,
Les produits de l'imprimerie,
Les volumes de tel ou tel,
Ont succédé dans cet hôtel
Que Sully rendit immortel.
Bref, c'est faut il que je l'explique ?-
La bibliothèque publique,
Seul monument national
Du vieux quartier de l'Arsenal.
Aux environs brillaient naguère
Le bel hôtel de Lesdiguière,
Et la Cerisaie, - aujourd'hui,
Tout cela démoli, détruit,
Car tout passe, hélas ! et tout fuit.
Ces constructions disparues
Ont légué leurs noms à des rues,
Formant le réseau marginal
Du vieux quartier de l'Arsenal.
A présent, de rares boutiques,
Des maisons tant soit peu gothiques,
Abritent toits ses habitants,
Bourgeois, ouvriers, débitants,
Gens paisibles et méritants.
En un mot, de la grande ville
C'est le quartier le plus tranquille ;
Point de rixes, de bacchanal,
Dans le quartier de l'Arsenal.
Avant de finir, par prudence;.
Citons le Grenier d'abondance,
Et puis le quai des Célestins,
Où jamais, soyez-en certains,
On ne voit gommeux ni catins ;
Mais des honnêtes ouvrières,
Des bons rentiers et des rentières,
Qui lisent le Petit-Journal. . .
Tel est l'aspect original
Du vieux quartier de l'Arsenal.
Léon Guérin, membre associé.
Le Marais
Air : Une Fille est un oiseau.
Le Marais était, jadis,
Le séjour par excellence ;
La noblesse et l'opulence
En faisaient un paradis.
Beaux muguets à fines lames,
Gentilshommes, grandes dames,
Abbés galants et vidames,
Dans ce quartier plein d'attraits
Avaient élu domicile;
De Paris ; la grande ville,
Le coeur était au Marais.
La place Royale, alors,
(Aujourd'hui place des Vosges)
Enlevait tous les éloges
Par ses somptueux dehors.
Au centre de ses arcades,
Que de nobles cavalcades,
Que de duels, d'estocades !
C'est là que, de damerets
Charmant un cortège énorme,
Vivait Marion Delorme,
Cette Laïs du Marais.
Et d'hôtels, quel chapelet !
Hôtels d'Albret, d'Angoulême,
Hôtels de Beauvais, de Bresme,
Puis, hôtel Carnavalet.
Là demeurait la marquise
De Sévigné, dont on prise
La correspondance exquise.
Plus loin, dictant ses arrêts,
Ninon, là belle des belles,
Dans sa maison des Tournelles,
Régnait alors au Marais.
C'est au Marais que Scarron,
Le cul-de-jatte poète,
Sur son fauteuil à roulette,
Narguant la barque à Caron,
Traduisait, roi des grotesques,
L'Enéide en vers burlesques,
Tandis qu'aux coeurs romanesques
De Cyrus narrant les traits ;
Scudéri pouvait prétendre,
Avec la carte du Tendre,
A régenter le Marais.
Hélas ! Ce brillant quartier
A perdu sa poésie,
Depuis que la bourgeoisie
L'accapare tout entier.
Vers le soir, chacun apporte
Sa chaise devant sa porte,
Des potins ; de toute sorte
On jase, en prenant le frais ;
Il faut voir comme on en pince !
On se croirait en province,
Quand on s'égare au Marais.
Ses beaux jours s'en sont allés ;
Si le Marais se décore
De quelques hôtels encore,
Ce sont des hôtels meublés.
Au lieu des fiers équipages,
Aux splendides attelages ;
Qui traversaient ces parages,
Aujourd'hui, grâce au progrès,
Des fiacres de pacotille,
L'omnibus Wagram-Bastille,
Sillonnent seuls le Marais.
Sur ce quartier, je pourrais
Composer un gros volume,
Si, tenant crayon ou plume,
A fond je le parcourais ;
Mais, pour les grandes tirades
Et les longues promenades,
Je manque, chers camarades,
Et d'haleine et de jarrets.
Donc, et coetera pantoufle,
Car je sens que je m'essouffle
Dans cette chasse au-Marais !
Eugène Grangé, membre titulaire.
Le quartier de la Bastille
Air : Vive la lithographie.
Ma plume d'aise frétille,
Flâneur comme un vrai rentier,
Bien souvent de la Bastille
J'ai parcouru le quartier ;
Ce soir donc, sans grand effort,
Du mot dont l'aimable sort
M'a voulu faire cadeau,
Je puis tirer un rondeau.
Mon chant et ma rhétorique
Prendront d'abord pour objet
Le monument historique
Qui baptise mon sujet.
Sous Charles V, le dévot,
Par Aubriot, grand-prévôt,
On vit, sans s'en divertir,
La Bastille se bâtir.
Devant servir de défense,
Aussi bien que de prison,
Pour Paris presque en enfance,
Elle avait toujours raison.
Le bâtiment imposant
S'achève, et,- détail plaisant,-
C'est Aubriot le premier
Qu'on y retient prisonnier .
Il ouvre la longue liste
Des innocents que, sans bruit,
Un pouvoir peu formaliste
Du jour plongeait dans la nuit ;
Car, pendant quatre cents ans,
Les nobles et les manants,
Songèrent avec effroi,
A la Bastille du roi.
Mais, dans un vent de tempête,
Que Dieu lui-même souffla,
Le lugubre trouble-fête
Sans résistance croula.
Ce fait, par l'humanité,
Depuis un siècle est vanté,
D'un coup mortel il frappait
Au front le dernier Capet.
La Bastille, pierre à pierre ;
Disparut.- En la biffant,
On voulut dans sa poussière
Camper un vaste éléphant;.
On s'en tint, finalement,
Au projet du monument,
Et cet énorme plâtras
Ne fut utile qu'aux rats.
Plus tard, un porte-couronne
Fit dresser avec ennui
La métallique colonne
Que nous voyons aujourd'hui.
Elle est laide ;- à son sommet,
Un ange se compromet ;
Des héros dorment dessous ;
L'on y monte pour deux sous…
Quittant ce tuyau bizarre,
Orné de coqs fanfarons,
Je ressaisis ma guitare
Pour chanter les environs.
Par derrière est le faubourg,
Où la poudre et le tambour
Résonnèrent tant de fois ;
Quel thème heureux j'entrevois !
Mais ce serait faire pièce,
Certes, bien mal à propos,
A notre collègue Piesse
Qui lui prête ses pipeaux.
Tournons-nous vers l'Arsenal…
Hé ! plus que moi matinal,
Le camarade Guérin
Y manoeuvre son burin.
Sans faire trop la grimace,
Plus loin portons notre vol…
Ah ! bon! un autre entrelace
Quelques rimes sur Saint-Paul.
Au moins pourrai-je en mes rets
Enserrer le vieux Marais ?
Non, puisqu'il est adjugé
A notre maître Grangé !…
Quoique borné de la sorte
Aux quatre points cardinaux,
Mon domaine encor comporte
Et souvenirs et tableaux :
Il compte, en des lieux divers,
Un théâtre, deux concerts,
Trois bals, quinze lupanars,
Et cinq larges boulevards.
L'un chez Gavroche acclimate
Le plus Français des Bourbons ;
Sur l'autre, à certaine date,
Se tient la foire aux jambons ;
Un troisième, bien planté,
Porte le nom respecté
Du père de Figaro ;
Les deux derniers longent l'eau…
Pour que nul ici ne doute
Du zèle qui m'anima,
Je veux signaler en route
Trois ponts, un panorama.
Puis, faisant un train d'enfer,
Entre deux chemins de fer,
Cinq omnibus, six tramways,
Un canal qui sent mauvais...
C'est tout… non, je me rappelle
Un croquis plein d'intérêt
Les sergents de La Rochelle
Patronant un cabaret.
Mais peut-être, en ce travail,
Abusé-je du détail ;
Des lieux, vraiment, il est temps
De passer aux habitants.
Chez eux il est, je suppose,
A peu près comme partout,
Des gens à l'humeur morose,
Des hommes riant de tout,
Des pauvres, des financiers, .
Des rapins, des épiciers,
Des Nanas, des boudinés,
Des fous, des maris bernés…
Rassurez-vous, je termine
Ici mon léger crayon,
Doutant fort qu'il illumine
Votre recueil d'un rayon,
Mais, vous en êtes témoins,
J'ai fait preuve, pour le moins,
D'haleine, et bien mérité
Le prix de prolixité.
Mettez donc unie apostille
A ces vers de gazetier,
Et que tous à ma Bastille
Veuillent bien faire quartier
L.-Henry Lecomte. Membre libre.
Le faubourg Saint-Antoine
Ain du Petit mot pour rire.
D'une joviale façon
Je voudrais faire ma chanson ;
Mais je ne sais quoi-dire
Antoine, avec ou sans cochon,
Du grand faubourg le saint patron,
Ne prête pas (bis) au petit mot pour rire.
Les ébénistes, les brasseurs,
Les artistes enlumineurs
De papiers qu'on admire, .
De Lappe tous les ferrailleurs,
Que c'est comme un bouquet de fleurs,
Ne prêtent pas au petit mot pour rire.
Après les braves travailleurs,
Parler de ces politiqueurs
De l'espèce la pire ?
Du lundi les adorateurs,
De tout métier les contempteurs
Ne prêtent pas au petit mot pour rire.
Picpus et ses maisons de fous,
Mazas avec ses gros verrous
A ne pouvoir suffire,
Les hôpitaux, le rendez-vous
De ceux qui n'ont pas de chez-nous,
Ne prêtent pas au petit mot pour rire.
Philippe-Auguste et Saint-Louis,
Songeant aux jours évanouis
De leur puissant empire,
De nos faits, pour eux inouïs,
Se montrant fort peu réjouis,
Ne prêtent pas au petit mot pour rire.
Les chevaliers, les paladins,
Subissant, aux pays lointains,
Un glorieux martyre,
Tous ces illustres quinze-vingts
'Torturés par les Sarrasins,
Ne prêtent pas au petit mot pour rire.
Des frondeurs faire le tableau,
La Montpensier à son créneau,
Le canon qu'elle tire,
Santerre, un ignoble bourreau,
Baudin mourant pour son drapeau,
Ne prêtent pas au petit mot pour rire.
Foire au pain d'épice, flâneurs
Que le boniment des vendeurs
Pendant un mois attire,
Musique infernale, dompteurs,
Chevaux de bois et bateleurs
Ne prêtent pas au petit mot pour rire.
Mes couplets sont mauvais, ma foi !
Et je le dis, sans nul émoi,
Que Saint-Antoine inspire
Un autre qui, dans ce tournoi,
Saura trouver bien mieux que moi
Le petit mot (ter) pour rire!
Louis Piesse, Membre titulaire.
Le quartier des Halles
Air de la Sentinelle.
Quartier glouton, ah ! je me réjouis
De te chanter, pour moi c'est une aubaine ;
De ce grand corps que l'on nomme Paris,
C'est toi le ventre et l'énorme bedaine.
Par tes faveurs, ô bienfaisant quartier,
Tu mets un terme à toutes les fringales ;
Car de ce Paris tout entier
Quel est le père nourricier ?
Certes, c'est le quartier des Halles !
On remplaça, depuis près de cent ans,
De nos aïeux les quartiers funéraires
Que l'on nommait Charniers des Innocents,
Par un bazar de produits culinaires.
Plus de cercueils ni de tour des Martroys ;
Mais, à nos yeux, tout ce qui nous régale,
Viandes, poissons, à notre choix,
Choux, carottes et petits pois,
Font l'ornement de notre Halle.
Vois cette tour aux contours crénelés
Qui du quartier tient place dans l'histoire,
Nous savons tous que notre Halle aux Blés,
A Médicis servait d'observatoire.
Mais le temps seul est maître du destin ;
La Médicis, qui croyait aux cabales,
N'eût pas deviné, c'est certain,
Que Paris, pour cuire son pain,
De ses palais ferait des halles.
En politique, en science et dans l'art,
Si d'être fort tout un chacun s'efforce,
Grévy, Ferry, Clemenceau, Say, Tirard,
Se jugent bien de la première force
Mais moi, je dis, sans leur faire grands torts,
Qu'en ce quartier de notre capitale,
Je ne fais pas beaucoup d'efforts
Pour prouver que ces hommes forts
Sont moins forts que mes forts de Halle
Barthélemy, le son de ton tocsin
Pour l'Auxerrois fut une grande tache ;
Dans mon quartier, quand retentit l'airain,
Pour les croyants, c'est fête à Saint-Eustache.
Qui de la Halle illustra le pilier ?
C'est un esprit qu'aucun autre n'égale,
Esprit qui vint pour houspiller
Le ridicule et l'étriller
C'est Molière, enfant de la Halle !
Chez les savants du grand Quartier Latin,
Chez les docteurs de collège ou Sorbonne,
On fait grand cas, au faubourg Saint-Germain,
D'un beau parler que chacun se façonne !
A notre Halle, il est fort bien reçu
De jaspiner la langue paroissiale ;
Nul de vous ne sera déçu
Si je lui donne un aperçu
Du pur langage de la Halle !
Si vous flairez une viande, un poisson :
« N'fich' pas ton nez dessus la marchandise ! »
Vous marchandez, c'est une autre chanson
« C'est pas pour toi, madame la marquise !
« Et toi, môssieur, n'faut pas nous bassiner ;
« Touch' pas à ça, tu z'y fich'rais la gale ;
» Si tu n'finis, j'vas déchaîner
» Nos forts, qui vont t'assaisonner: . .
» Allons, allons, vite détale !
Hors de la Halle! »
G. Duprez, Membre honoraire
Belleville
Air : J'ai vu le Parnasse des Dames.
D'ici voyez cette colline
Qui s'étage sur le faubourg
Du Temple, et d'où l'homme domine
Paris à l'immense contour.
Bien que chansonnier inhabile
De par le sort, hélas! je dois,
Ce soir, vous chanter Belleville,
Et même les Bellevillois.
Jadis, cette montagne inculte
N'avait que quelques habitants
Sans maître, sans lois et sans culte
-Ce devait être un heureux temps ! -
Ce petit coin calme, entre mille,
Et ces paisibles villageois
Sont devenus, l'un Belleville,
Et les autres, Bellevillois.
Un jour, ce pays fit envie,
A quelque roi mérovingien,
Qui, sous le grand nom de Sa vie,
En fit tout simplement son bien.
Inscrits sur la Liste civile
De cet accapareur sournois,
Triste mine fit Belleville
Et firent les Bellevillois.
Ce temps fut de courte durée,
Et l'on vit des religieux.
Entre eux en faire la curée,
Avec des arguments pieux.
Henri premier, donnant asile
A quelques cagots de son choix,
Leur fit cadeau de Belleville
Ainsi que des Bellevillois.
Puis tout se rétablit dans l'ordre
Ces braves gens ayant trouvé
Quelques meilleurs morceaux à mordre ;
Sa vie en fut quitte et sauvé.
Sous Charles six, c'est Pointronville
Qu'on nomma ce pays, je crois ;
Moi, je préfère Belleville…
Qu'en pensez-vous, Bellevillois ?
Bientôt après, sa délivrance,
Et comme par, enchantement,
On vit des. Maisons de plaisance
Décorer ce coteau charmant.
Rentiers abandonnant la ville,
Petits nobles et gros bourgeois,
Se fixèrent à Belleville
Et devinrent Bellevillois.
Belleville, pour sa groseille,
Pour sa galette et ses lilas,
Fut cité comme une merveille
Chez ses voisins des -pays plats.
D'aride il devint très fertile ;
Les jardins, les Vergers, les bois
Faisaient honneur à Belleville
De même qu'aux Bellevillois.
Un siècle au moins avant Nanterre,
(Nanterre même s'en froissa)
Belleville avait sa rosière,
Sans en être plus fier pour ça ;
Mais le choix devint difficile,
Et s'égara, dit-on, parfois…
Plus de rosière à Belleville,
Au regret des Bellevillois.
La « Descente de la Courtille »
Après des nuits pleines d'excès,
Pour maint garçon, pour mainte fille
Etait un prétexte à succès.
Pierrots, arlequins, à la file,
S'escrimaient dans de gais tournois,
En descendant de Belleville.
Sous les yeux des Bellevillois .
Vous parlerai-je politique…
Pour être complet, mes amis ?
Non, je me tais… mais je m'explique,
De peur de me voir compromis :
J'aime ce quartier indocile,
Bien que redoutant ses exploits ;
Aussi j'approuve Belleville,
Mais… blâme les Bellevillois !
Jules Échalié, Membre titulaire.