Partout on dit, l'oeil fixé sur les flots,
L'esquif brisé s'abîme sous l'orage.
Ô Canada ! ton nom n'a plus d'échos,
Et tes enfants chéris ont fait naufrage.
Mais non, ils ne périront pas,
Une voix tout à-coup s'écrie :
Le soleil dore au bout des mâts
Le vieux drapeau de la patrie,
De la patrie.
Canadien, tu connus cette voix ;
Le ciel pour nous, souvent l'a fait entendre :
Dans nos malheurs, hélas, combien de fois
Nous avons cru notre Ilion en cendre ?
Enfants jetés hors des berceaux,
Ou nous expose sur le Tibre,
Mais Rome sortit des roseaux...
Et Rome aussi bientôt fut libre,
Bientôt fut libre.
Mais si la nue éclipsa les cieux,
Plus d'une fois notre étoile sacrée ;
Après l'orage à son front radieux
On reconnut sa gloire à l'empyrée.
Phare qui ne s'éteint jamais,
Elle éblouit la tyrannie,
Qui droit sur l'écueil des forfaits
Ira jeter sa barque impie,
Sa barque impie.
À la tribune on vit, comme aux combats,
Toujours briller notre même courage.
Chargés de fers, menacés du trépas,
De nos tyrans nous braverions la rage.
S'il fallait pour la liberté
Sacrifier nos biens, la vie,
Et sous son drapeau redouté
Mourir pour elle et la patrie,
Et la patrie.
Partout on dit, l'oeil fixé sur les flots,
L'esquif brisé s'abîme sous l'orage.
Ô Canada ! ton nom n'a plus d'échos,
Et tes enfants chéris ont fait naufrage.
Mais non, ils ne périront pas,
Une voix tout à-coup s'écrie :
Le soleil dore au bout des mâts
Le vieux drapeau de la patrie,
De la patrie.
Canadien, tu connus cette voix ;
Le ciel pour nous, souvent l'a fait entendre :
Dans nos malheurs, hélas, combien de fois
Nous avons cru notre Ilion en cendre ?
Enfants jetés hors des berceaux,
Ou nous expose sur le Tibre,
Mais Rome sortit des roseaux...
Et Rome aussi bientôt fut libre,
Bientôt fut libre.
Mais si la nue éclipsa les cieux,
Plus d'une fois notre étoile sacrée ;
Après l'orage à son front radieux
On reconnut sa gloire à l'empyrée.
Phare qui ne s'éteint jamais,
Elle éblouit la tyrannie,
Qui droit sur l'écueil des forfaits
Ira jeter sa barque impie,
Sa barque impie.
À la tribune on vit, comme aux combats,
Toujours briller notre même courage.
Chargés de fers, menacés du trépas,
De nos tyrans nous braverions la rage.
S'il fallait pour la liberté
Sacrifier nos biens, la vie,
Et sous son drapeau redouté
Mourir pour elle et la patrie,
Et la patrie.
Je suis jaloux. Tu es là-bas, à la campagne,
et moi je suis là, tout seul, à présent !
Des parents, je sais, t'accompagnent
qui ne sont pas très amusants.
Mais je suis jaloux tout de même,
jaloux de te savoir là-bas par ce printemps...
Tout ce bleu doit te faire oublier que tu m'aimes...
Moi je pense à toi tout le temps !
J'ai l'âme ivre et comme défaite.
Je pleure d'amour et d'ennui.
Ton image est là, dans ma tête :
tu es joliment bien, petite âme, aujourd'hui !
Je suis jaloux, quoi que je fasse ou que je veuille.
Il fait tiède et doux dans Paris !
C'est adorable ! Et moi je rage et je t'écris,
à toi, à toi, petit chéri,
qui est là-bas, où sont les feuilles...
Tu dois avoir ton grand chapeau
de paille blonde et de glycines
qui met des petits ronds de soleil sur ta peau.
Tu dois bien m'oublier ! Et moi je te devine
jolie, heureuse... Il fait si beau !
Ah ! je pleurerais de colère !
Il a plu pendant tout un mois :
Il faut qu'on t'écarte de moi
quand tu m'es le plus nécessaire !
Je ne t'ai jamais tant aimée qu'en ce moment.
Cet air tiède et doux m'exaspère
qui pénètre l'appartement
Je t'en veux, je souffre, et souhaite
que là-bas tu souffres autant.
Ce n'est pas très gentil, bien sûr ! C'est un peu bête.
Mais, que veux-tu ! je t'aime tant !
Je voudrais que tu me regrettes
au point de haïr ce printemps...
Je serais même très content
s'il te faisait un peu mal à la tête.
Voici l'heure où tombe le voile
Qui, le jour, cache mes ennuis ;
Mon cœur à la première étoile
S'ouvre comme une fleur des nuits.
O nuit solitaire et profonde,
Tu sais s'il faut ajouter foi
A ces jugements que le monde
Prononce aveuglément sur moi !
Tu sais le secret de ma vie,
De ma courageuse gaieté ;
Tu sais que ma philosophie
N'est qu'un désespoir accepté.
Pour toi je redeviens moi-même ;
Plus de mensonges superflus ;
Pour toi je vis, je souffre, j'aime,
Et ma tristesse ne rit plus.
Plus de couronne rose et blanche !
Mon front pâle reprend son deuil,
Ma tête sans force se penche
Et laisse tomber son orgueil.
Mes larmes, longtemps contenues,
Coulent lentement sous mes doigts.
Comme des sources inconnues
Sous les branches mortes des bois.
Après un long jour de contrainte,
De folie et de vanité,
Il est doux de languir sans feinte
Et de souffrir en liberté.
Oh ! oui, c'est une amère joie
Que de se jeter un moment,
Comme une volontaire proie,
Dans les serres de son tourment ;
Que d'épuiser toutes ses larmes,
Avec le suprême sanglot ;
D'arracher, vaincue et sans armes,
Au désespoir son dernier mot !
Alors la douleur assouvie
Vous laisse un repos vague et doux ;
On n'appartient plus à la vie,
L'idéal s'empare de vous.
On nage, on plane dans l'espace,
Par l'esprit du soir emporté ;
On n'est plus qu'une ombre qui passe.
Une âme dans l'immensité.
L'élan de ce vol solitaire
Vous délivre comme la mort ;
On n'a plus de nom sur la terre,
On peut tout rêver sans remord.
D'un monde trompeur rien ne reste,
Ni chaîne, ni loi, ni douleur ;
Et l'âme, papillon céleste,
Sans crime peut choisir sa fleur.
Sous le joug de son imposture
On ne se sent plus opprimé,
Et l'on revient il sa nature
Comme à son pays bien-aimé.
O nuit ! pour moi brillante et sombre,
Je trouve tout dans ta beauté ;
Tu réunis l'étoile et l'ombre,
Le mystère et la vérité.
Mais déjà la brise glacée
De l'aube annonce le retour :
Adieu. ma sincère pensée ;
Il faut mentir !... voici le jour.
Simone, il y a un grand mystère
Dans la forêt de tes cheveux.
Tu sens le foin, tu sens la pierre
Où des bêtes se sont posées ;
Tu sens le cuir, tu sens le blé,
Quand il vient d'être vanné ;
Tu sens le bois, tu sens le pain
Qu'on apporte le matin ;
Tu sens les fleurs qui ont poussé
Le long d'un mur abandonné ;
Tu sens la ronce, tu sens le lierre
Qui a été lavé par la pluie ;
Tu sens le jonc et la fougère
Qu'on fauche à la tombée de la nuit ;
Tu sens la ronce, tu sens la mousse,
Tu sens l'herbe mourante et rousse
Qui s'égrène à l'ombre des haies ;
Tu sens l'ortie et le genêt,
Tu sens le trèfle, tu sens le lait ;
Tu sens le fenouil et l'anis ;
Tu sens les noix, tu sens les fruits
Qui sont bien mûrs et que l'on cueille ;
Tu sens le saule et le tilleul
Quand ils ont des fleurs plein les feuilles ;
Tu sens le miel, tu sens la vie
Qui se promène dans les prairies ;
Tu sens la terre et la rivière ;
Tu sens l'amour, tu sens le feu.
Simone, il y a un grand mystère
Dans la forêt de tes cheveux.
Pendant que, la paupière close,
Lassé du travail et du bruit,
L'homme tranquillement repose
Dans le silence de la nuit,
L'Amour vint frapper à ma porte,
" Qui heurte si tard de la sorte !
Criai-je, en sursaut réveillé.
- Hélas ! C'est un enfant mouillé,
Répond-il ; ouvrez, je vous prie.
Il pleut, mes pas sons égarés.
Ne craignez rien, de grâce, ouvrez ! "
A ce discours, l'âme attendrie,
Une lampe en main, à l'instant,
Je cours ouvrir à cet enfant.
Ses ailes, son arc et sa trousse
Me donnèrent quelque soupçon ;
Mais il avait la mine douce,
Et l'air d'un aimable garçon.
Je le fais entrer, je l'essuie,
Je prends ses mains, et, peu à peu,
Je les réchauffe auprès du feu ;
En un mot, je lui rends la vie.
Sitôt que le froid l'eut quitté,
" Voyons, me dit-i1, si la pluie
A mon arc n'aurait rien gâté. "
Après ces mots, il se retire
Trois pas en arrière, et, soudain,
Me décoche un trait dans le sein,
Et me dit d'un air scélérat :
" Félicite-moi, camarade,
Mon arc est en fort bon état ;
Mais je crois ton cœur bien malade.